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Mieux comprendre les stratégies d’exportation à partir des données douanières

Mieux comprendre les stratégies d’exportation à partir des données douanières

Que nous apprend l’analyse statistique des données douanières sur les stratégies à l’exportation des entreprises ? Voici 5 éléments de réponse apportés par Isabelle Mejean, professeure d’économie à l’Ecole Polytechnique.

Une grande diversité de stratégies

Il existe une très grande hétérogénéité dans la manière dont les entreprises se développent à l’international, les exportateurs restant d’ailleurs très minoritaires au sein de l’ensemble des entreprises. En 2007, pour le secteur manufacturier, 86 % des entreprises françaises n’exportent pas directement, 7 % exportent vers une seule destination et moins de 1 % exportent vers 50 destinations ou plus (1)

Les « happy few » du commerce international français

Il existe aussi une très grande hétérogénéité au sein de la petite sous-population des entreprises exportatrices. 20 % d’entre elles représentent plus 95 % de la valeur des exportations (2) et de 70 % de l’emploi dans les entreprises exportatrices. Ces « happy few » vendent sur davantage de destinations et ont plus de clients dans chaque destination. Les entreprises servant au moins 100 destinations représentent moins de 1 % des exportateurs français mais 15 % de la valeur exportée (1). Dans le seul commerce intra-européen, seules 10 % des entreprises françaises comptent au moins cinq clients étrangers (et représentent 30 % de la valeur exportée).

« Prime à l’export »

En moyenne, les entreprises françaises exportatrices emploient 2,24 fois plus de salariés que les entreprises dont le marché est purement domestique (2). C’est ce que l’on appelle « la prime à l’export ». Les entreprises qui exportent génèrent aussi plus de valeur ajoutée, sont plus intensives en capital (machines) et pratiquent des niveaux de salaires plus élevés.

L’importance de la « productivité »

Les plus entreprises plus productives ont une propension plus élevée à exporter, à vendre sur plus de destinations et à plus de clients, et à aller sur des marchés plus « difficiles », c’est-à-dire éloignés et/ou de petite taille

L’aléa de la rencontre

Exporter nécessite d’abord de rencontrer un client étranger, et cette rencontre peut revêtir un caractère aléatoire pour une petite entreprise sans grande notoriété. On aboutit donc au résultat observé dans les statistiques : certaines entreprises compétitives n’exportent pas, faute d’avoir eu ce type de rencontre… Et d’autres, moins compétitives, exportent vers des marchés difficiles parce qu’une rencontre les y amenés.

Sources
(1) Mejean, 2017, à partir des données douanières 2007 du secteur manufacturier
(2) Mayer & Ottaviano, 2008

LA FABRIQUE DE L’EXPORTATION
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