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S’internationaliser, c’est adapter son organisation à l’environnement mondial

S’internationaliser, c’est adapter son organisation à l’environnement mondial

Entretien avec JEAN-LOUIS PERRAULT, Maître de conférences, directeur du Master « Affaires internationales et PME » à l’Université de Rennes 1 et chercheur à l’Institut des sciences mathématiques et économiques appliquées (Isméa).

Comment peut-on définir l’internationalisation ?

En l’espace de vingt ans, la dynamique de l’économie mondiale a radicalement changé de formes et de cadence mais nos représentations sont, elles, restées inchangées [1] : héritées de l’Après-Guerre, voire du XIXe siècle. Les notions que nous utilisons : « exportation », « mondialisation », « PME », « croissance » ou « services », sont vagues et indéfinis. Elles ne permettent pas d’analyser cette puissante dynamique. Alors qu’en 1944 tout le système de Bretton Woods visait à la « dévalorisation des frontières », soixante-dix ans plus tard nous continuons de dire exportation pour internationalisation. Or, l’internationalisation contemporaine se présente avant tout comme le processus d’adaptation des opérations (stratégie, ressources, structure) d’une compagnie à l’environnement mondial, afin d’améliorer sa performance. Dans ce cadre, la technologie et l’innovation sont au cœur du « système industriel mondial ». La localisation géographique des activités, des flux de production et de consommation, est la grande dimension de ce système. Il faut donc analyser les chaînes de valeur globales, dont l’exportation n’est qu’un des instruments. D’ailleurs, les organisations multilatérales ont entrepris d’analyser l’internationalisation au moyen de la valeur ajoutée, via la « Made in the World Initiative » – MIWI, lancée par l’OMC. L’internationalisation se mesure, ici, à l’aune de la capacité à contrôler de la valeur ajoutée à l’étranger.

Quels sont les liens entre internationalisation et performance de l’entreprise ?

D’abord, la forme exportation de l’internationalisation n’améliore pas les performances d’une entreprise si elles sont pauvres. Une étude du Conseil d’analyse économique (CAE) a montré que les entreprises exportatrices se distinguent par une productivité, des effectifs, des salaires et une rentabilité plus élevée… Mais elle a surtout révélé que ces entreprises étaient déjà dans une dynamique d’investissement et d’embauche avant d’exporter : l’exportation apparaît donc comme une étape qui vient couronner une stratégie de développement performante. Par conséquent, l’internationalisation, exportation ou non, doit être intégrée à la stratégie globale de l’entreprise et être un élément de sa performance. Plus que la dimension purement commerciale, la dimension technologique (participer à la dynamique du système industriel mondial grâce à la maîtrise des technologies) et la dimension organisationnelle (modifier l’organisation de son entreprise pour s’adapter à l’environnement mondial) sont essentielles.

Quels sont les principaux modèles d’internationalisation ?

Dans un monde où les dynamiques se recomposent sans cesse, un raisonnement en termes de modèle est toujours dangereux. Quoiqu’il en soit, aucun modèle ne saisit correctement la problématique d’internationalisation d’une PME. Le vieux modèle de l’internationalisation « en escalier » (exportations opportunistes puis régulières, puis représentation à l’étranger, et enfin établissement dans le pays, avant de produire sur place) est totalement déterministe et obsolète. Il a toutefois le mérite de souligner le mécanisme permanent d’apprentissage des marchés étrangers et d’ajustement des entreprises. Le modèle de l’internationalisation « agencée », fondée sur l’idée d’un « clavier » d’opération possibles simultanément, sur lequel on peut jouer, est pertinent mais exclusivement appliqué aux grandes sociétés. Depuis les années 1990, les analystes ont identifié les « born global », internationales dès leur genèse. La nature de leur industrie les amène à identifier leurs ressources et leurs marchés partout dans le monde. Mais, pour autant, il n’existe aucun modèle général satisfaisant d’internationalisation des PME. Leur diversité l’interdit peut-être.

[1] JEAN-LOUIS PERRAULT ET JOSÉ ST-PIERRE, “ÉLÉMENTS POUR UNE MESURE INTÉGRÉE DE LA STRATÉGIE D’INTERNATIONALISATION DES PME”, MARS 2009.

 

Trouver son chemin vers l’international en ajustant ses compétences et son organisation

Comme tout développement, l’internationalisation implique pour une PME de repenser son organisation et d’identifier les compétences nécessaires. JEAN-LOUIS PERRAULT, Maîtres de Conférences et Directeur du Master 2 Affaires Internationales et PME à l’Université de Rennes 1, a présenté en juillet 2017 ses travaux sur les relations entre organisation, compétences, internationalisation et performance de l’entreprise lors d’une réunion de La Fabrique de l’Exportation. Vous trouverez ci-dessous les productions (vidéo et powerpoint) issues de cette réunion.

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