fabrique-exportation

Le transport maritime vu de l’intérieur

Le transport maritime vu de l’intérieur

Comment fonctionne un porte-conteneur en termes managérial, humain, logistique, environnemental, sécuritaire ? Eléments de réponse issus de l’expérience de Martine Boutary, professeure en management international à la Toulouse Business School. Elle s’est embarquée à bord d’un porte-conteneur pour une traversée de Fos-sur-Mer à La Réunion.. 

Le maritime : 90 % du transport mondial de fret

Le transport maritime représente 90 % du transport mondial de fret. Les navires transportent
des marchandises en vrac (liquides et sèches), comme du pétrole ou des céréales, ainsi que des
produits manufacturés en conteneurs. La pénurie actuelle de conteneurs disponibles est un
handicap pour la relance de l’export. Fidèles à une tradition d’accueil de la marine marchande,
les porte-conteneurs transportent aussi quelques passagers.

Une vraie petite PME sur la mer

Le temps du voyage, un porte-conteneur ressemble à une vraie petite PME sur la mer. Un
capitaine, quelques officiers, des marins avec un cap, une mission et des objectifs : amener le
bateau, sa cargaison, son équipage à bon port et en bon état dans les meilleurs délais. L’activité
du navire repose sur de multiples tâches liées au choix de l’itinéraire, à l’entretien et la
réparation en urgence lors des pannes, au contrôle méticuleux et régulier de l’arrimage des
conteneurs et de la température des unités réfrigérées, au chargement et au déchargement lors
des escales, au respect des règles de sécurité, aux exercices d’entraînement, etc.

Un univers très cadré et très hiérarchisé

Le management et l’organisation à bord d’un cargo sont stricts. C’est un univers très hiérarchisé,
très cadré, avec énormément de règles de sécurité à respecter et de routines, , où les heures des
repas, par exemple, sont immuables et ponctuent les journées… C’est également un lieu où la
solidarité entre les hommes est très forte.

Une multiculturalité harmonieuse

Différentes nationalités et religions sont représentées sur le navire. La règle est que tout conflit
doit être évité car il nuirait à l’intérêt du navire et son équipage. Les règles et routines facilitent
cela. Tout le monde est donc très respectueux et chacun veille à éviter tout problème et tout
conflit. Les rapports entre les membres de l’équipage sont basés sur une communication fluide
et un respect mutuel. L’anglais est la langue de travail.

Des formes originales de team building

Le passage du canal de Suez est un moment de tension pour l’équipage car il requiert beaucoup
de méticulosité. A son issue, en arrivant sur la mer Rouge, il est de tradition d’organiser un
barbecue pour remercier tout l’équipage, dans une forme de team building. De nombreux plats
sont préparés, c’est une journée de détente et de jeux, lors de laquelle les barrières de la
hiérarchie sont un peu abaissées. De nombreux prix sont décernés dans une ambiance festive.
C’est un rituel apprécié, un temps de respiration avant de reprendre le travail incessant.

La pollution en question

Bien que le fret maritime pollue beaucoup moins que le transport routier à la tonne transportée,
ce mode de transport reste néanmoins fortement consommateur d’hydrocarbures (17 tonnes de
fuel par jour pour un porte-conteneur). La responsabilité du chargeur doit être soulignée car
lorsqu’il donne consigne d’aller plus vite, notamment pour réduire le temps passé dans des
zones dangereuses, cela amène à pousser les moteurs, surconsommer et émettre davantage de
soufre et de CO2.
Aujourd’hui, les réglementations et les pratiques vont dans le bon sens et des progrès ont été
réalisés. En quelques années, on est passé d’une réglementation autorisant 3,5 % d’émissions de
soufre à seulement 0,5 %. Préoccupées par leur responsabilité sociale et environnementale,
certaines compagnies s’efforcent d’aller au-delà de ces réglementations et de s’orienter vers des
solutions logistiques plus respectueuses de l’environnement (passage à moindre vitesse,
absence de dégazage,etc.). La pression des clients est également de plus en plus forte sur les
armateurs pour les obliger à respecter les contraintes environnementales. Il existe aussi des
systèmes de suivi du bilan carbone de ce mode transport. Le chemin vers le respect
environnemental est long mais ouvert.

Retour en haut