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L’écosystème exportateur italien

L’écosystème exportateur italien

La Fabrique de l’Exportation a consulté des experts parmi son réseau afin d’identifier des facteurs explicatifs du dynamisme exportateur de l’économie italienne, en particulier de ses PME et ETI. Un sujet important au moment où notre pays fait face à une récession importante et où ses entreprises doivent trouver une meilleure performance à l’international. 
Trois chercheurs italiens en “international business” ont accepté d’apporter leur contribution : Antonella Zucchella, (Professeur de Marketing, Universita degli Studi di Pavia), Antonio Majocchi (Professeur de Management international, Universita degli Studi di Pavia) et Alfredo D’Angelo (Professeur de Marketing, Universita degli Studi di Pavia). 

En préalable, il ressort qu’il est difficile de définir l’écosystème exportateur italien tant le pays est hétérogène géographiquement sur le plan économique. Le Nord est la véritable locomotive de l’innovation et de l’internationalisation des entreprises, PME en particulier. 

Par ailleurs, la réussite des entreprises italiennes à l’international s’explique en partie par un facteur exogène : le marché interne italien étant relativement atone depuis 2008, les entreprises cherchent la croissance à l’étranger.  

Des pratiques de collaboration entre entreprises

L’Italie a pu compter sur de nombreuses structures visant à faire travailler les PME ensemble, avec les fameux districts industriels du Nord ; concentrés sur un même secteur d’activité (meuble, textile, machine-outil) ils ont permis la diffusion de connaissance et de technologie entre membres, ainsi que la mutualisation de ressources productives.

Plus récemment, l’Italie s’est dotée en 2009 d’un nouvel outil juridique sous la forme du « contrat de réseau ». Ce cadre législatif permet à des PME de travailler ensemble pour innover et améliorer leur compétitivité, partager des ressources et des compétences, etc. Le dispositif a rencontré du succès avec près de 5,000 contrats signés au bout de 10 ans, et près de 28,000 entreprises engagées. 

Une forte capacité d’innovation

La capacité d’innovation et la créativité des entreprises italiennes sont également fortement mises en avant comme facteur explicatif de leur succès. Or, la recherche scientifique en international business met en évidence que les entreprises qui innovent davantage ont un taux d’exportation supérieur. L’innovation se traduit également à travers l’outil productif ; le nombre de robots par PME est nettement plus élevé en Italie qu’en France. Il apparaît également qu’une grande importance est accordée au design dans la conception de nouveaux produits, ce qui accroît leur capacité de différentiation.

Une forte orientation client

Par ailleurs les entreprises italiennes tendent à adopter une forte orientation client afin de proposer les produits et services attendus par la demande, y compris en adaptant l’offre existante. Par ailleurs les entreprises italiennes sont concentrées sur un certain nombre de segments de marché à l’international, dans lesquels elles ont souvent atteint le leadership (meubles, automatismes, alimentaire, mode, etc.), ; il y a ainsi un nombre nettement plus élevé de segments de marché pour lesquels une entreprise italienne se classe parmi les trois premiers acteurs au niveau mondial, par rapport à leurs homologues françaises. L’économie italienne compte ainsi de nombreuses PME et ETI dont les produits sont la référence internationale. C’est par exemple le cas dans l’industrie des équipements vinicoles avec des solutions de pompage et de filtration, dans l’alimentaire avec les machines à café espresso à destination du grand public et des professionnels, ou encore dans le nautisme. Par la capacité de ses PME à obtenir le leadership sur certains marchés l’écosystème italien présente ainsi des similarités avec le Mittelstand allemand.

Des salons professionnels de premier rang

Les entreprises italiennes peuvent s’appuyer sur des salons de référence dans de nombreux secteurs d’activité, en particulier à Milan, résultat de leur spécialisation et de leur leadership sur certains secteurs. Ces événements concernent l’ameublement, la confection, la lunetterie, l’alimentation ou encore l’aménagement intérieur ainsi que de nombreux types de biens d’équipement et machine-outils (distribution automatique, travail du bois, équipements vinicoles, etc.).  

Des idées reçues qui semblent démenties

A l’inverse, le label « Made in Italy » ne semble pas avoir joué un effet important sur les exportations italiennes en-dehors des trois secteurs constituant les « 3 F » : food, furniture and fashion. Il peut même s’avérer défavorable dans certains cas (A. Zucchella). L’encouragement des acteurs publics à recourir à des dirigeants export externalisés (dispositif soutenu par exemple par la région Lombardie) ne semble pas non plus avoir produit les résultats escomptés.

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